Tuesday 12 January 2016

Doit-on s’inquiéter de l’agitation turque?

                     Président Turque Recep Tayyip Erdogan serre la main à son homologue Russe, Vladimir Poutine. © Google

La position diplomatique de la Turquie dans le monde fait couler beaucoup d’encre. Pour rappel, la Turquie a abattu un avion russe en novembre 2015 à la suite d’accusations de violation de l’espace souverain. La Russie a répondu avec des sanctions économiques vers Ankara. À son tour, la Turquie a déployé des troupes en Irak. Tout ça, tandis qu’une sanglante guerre civile se déroule en Syrie. Les relations diplomatiques sont devenues froides et rigides entre les acteurs internationaux.

Russie vs. Turquie


La tension  entre la Russie et la Turquie ne cesse decroître lorsque des sévères condamnations ont été échangées entre les deux pays. Depuis le 24 novembre, lors de l’accrochage entre un bombardier russe et deux avions turcs, le président russe Vladimir Poutine a décrété des sanctions économiques à l’encontre de la Turquie, surtout dans le tourisme et l’agriculture : l’interdiction de vols charters entre les deux pays et de recrutement  des travailleurs d’origine turque et aussi l’importation de certains produits provenant de la Turquie. Poutine a décidé de ne pas couper le gaz.

Néanmoins, le leader russe est allé plus loin dans le champ de la diplomatie internationale. Il a publiquement accusé le gouvernement du président turc Tayyip Erdogan d’alliance avec le groupe terroriste État Islamique (Daech) afin de profiter du pétrole provenant de la contrebande de ce groupe barbare. La Russie a annoncé que l’attaque de son avion était la conséquence immédiate de la protection du pétrole de Daech par la Turquie. En effet, Erdogan ne s’est jamais excusé pour cet incident. À la place il a demandé à la Russie de prouver les accusations qu’elle a faites, en ajoutant que, si elles étaient réelles, il quitterait le pouvoir.

Lors du Sommet du G20, à Antalaya. Poutine a créé la surprise en annonçant que Daech était financé par 40 pays, dont des pays-membres du G20. Cette déclaration a été quand même pertinente lorsque Poutine a profité de l’état de révolte et d’agitation en Europe, lors des attaques à Paris revendiqués par Daech, pour semer le doute et, par conséquent, l’interrogation parmi les citoyens en Europe et ailleurs.

Et la Syrie dans tout ça ?


En fait, le président Russe essuyé de vives critiques par les gouvernements occidentaux quand il a décidé d’intervenir militairement en Syrie pour combattre Daech, mais tout en soutenant toujours officiellement le gouvernement de Bashar al-Assad. Une chose semble être certaine: depuis que la Russie est intervenue en Syrie contre Daech, les dégâts causés sur ses bases principales et les camps d'entraînement sont connus. Par comparaison, l’alliance menée par les États-Unis et d’autres États (la France, la Turquie, l’Italie, les Pays-Bas, etc.) dès septembre 2014, n’avait pas vraiment freiné l’expansion de Daech.

N’oublions pas l’Irak!

Comme si l’ingérence turque n’était pas suffisante, plus tard la Turquie a déployé ses troupes  proches de la ville de Mosul, en Irak. La diplomatie irakienne  a répondu par un avertissement: "L'Irak a le droit d'utiliser toutes les options à sa disposition, y compris recourir au Conseil de sécurité de l'ONU, si la Turquie ne retire pas ses forces armées sous 48 heures," a prévenu le premier ministre irakien Haïder al-Abadi. La Turquie a enfin retiré une partie de ses troupes à la suite d’une tempête de protestations. Cependant, le malaise continue. Du côté russe, le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov s’interroge sur les intentions d’Erdogan: "nous avons de plus en plus de questions sur la volonté réelle d’Ankara d’éradiquer le terrorisme," a-t-il lancé. "Il ne s’agit pas de vengeance. La menace est réelle. Un flux de combattants s’est mis en place via la Turquie dans différentes directions."

"Erdogan joue un coup de maître"

Pour le moment, la Turquie pique la Russie en même temps qu’elle fait, discrètement, du chantage par rapport à l’UE en ce qui concerne les réfugiés qui y entrent chaque jour. Lors du Sommet UE-Turquie, les exigences particulières de l’ancien pays byzantin agitent l’UE. D’abord il y a l’argent pour gérer la crise, la garantie de reprise des négociations d’adhésion à l’UE et aussi la libéralisation de la livraison des visas européens pour les Turcs.

Sur cette pression, le controversé président du parti séparatiste flamand N-VA, a lancé: "Je dois dire que je tire mon chapeau à Erdogan. Sur le plan géopolitique, il a joué un coup de maître. Si la Turquie ouvre le robinet, le flux se met en mouvement. Si la Turquie ferme le robinet, le flux s'arrête. Il a la mainmise sur l’Union européenne et il peut nous faire danser au rythme du flux de réfugiés", a indiqué Bart de Wever au journal néerlandais NRC Handelsblad. Pour le président de la République tchèque Milos Zeman, "la Turquie agit comme l’amie du Daech" et par conséquent "ne doit pas être membre de l’UE. "

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